C’est également dans leur progrès même que les sciences comportent des régressions. Ces régressions sont celles-là mêmes qui permettent l’arrogance de la pensée technobureaucratique. Le développement hyperdisciplinaire des sciences rend aveugle à ce qui tombe entre les disciplines, et qui est l’essentiel. Tandis que la formalisation et la quantification ignorent les êtres et les existants, qui deviennent par là même invisibles et font place à des chiffres, des formules, des idéalités, c’est la vie qui tombe dans les trous entre les disciplines biologiques, c’est l’homme qui tombe dans les trous entre les disciplines des sciences humaines. C’est le sujet qui, depuis longtemps disparu de toutes sciences, est considéré comme pur fantasme, ce qui constitue le délire le plus subjectif qui se puisse concevoir.
Edgar Morin, Où va le monde?, L'Herne, p. 45-46
Vous devez vous saisir de votre énigme. Elle est à vous. Elle est votre pivot, votre axe, votre rotor, vos pales. L’énigme, c’est d’être, d’exister. Mais pas seulement. L’énigme, c’est aussi que nous ayons à vivre notre situation d’être, notre événement d’exister. L’énigme, c’est cette tâche étrange : qu’il faille en faire quelque chose de cette existence. Il faut l’exprimer, la répercuter, prolonger sa résonance, entretenir sa vibration énigmatique. Avec quoi ? Avec ce que vous voulez : « Il faut vous enivrer sans trêve. Mais de quoi ? De vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous », Baudelaire. Exprimez votre énigme, enivrez-vous d’elle, mais ne la laissez pas tomber.
Santiago Molina, La philosophie en 1 leçon.
dimanche 6 juillet 2008
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